La fille aux yeux de Botticelli by Herbert Lieberman

La fille aux yeux de Botticelli by Herbert Lieberman

Auteur:Herbert Lieberman [Lieberman, Herbert]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2020320983
Éditeur: Édition du Seuil
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Quand Manship rentra finalement chez lui ce soir-là, il n’était pas loin de minuit. Il avait mis Emily Taverner dans un taxi en restant étrangement muet : s’il avait envie de la remercier de toutes ces heures supplémentaires qu’elle effectuait sans être payée, il était incapable de s’excuser pour s’être montré odieux envers elle. Il en était conscient. Au lieu des paroles cinglantes dont il l’accablait parfois, elle aurait mérité une médaille pour les efforts surhumains qu’elle consacrait à cette exposition.

En arrivant devant le 5, 85e Rue Est, il fut surpris de découvrir des lumières aux fenêtres de sa petite maison. Par cette nuit froide et humide, celle-ci ressemblait à une carte de Noël. C’était comme si, derrière ces fenêtres opaques, on allait découvrir le vieux Fezziwig dansant un quadrille au cours d’une fête organisée par le neveu de Scrooge et dessinée par Boz.

Il ouvrit la porte de chez lui et, la clé encore enfoncée dans la serrure, s’immobilisa un instant sur le seuil, légèrement plié en deux, surpris d’entendre des voix en provenance de la cuisine. Il reconnut celle de Maeve ; la seconde était une voix d’homme. Il ne l’identifia pas avant d’avoir poussé la double porte battante de la cuisine et découvert Bill Osgood assis à la table, en face de Maeve. Ils bavardaient devant un verre de vin, au milieu d’un tas d’assiettes contenant les restes du dîner.

Maeve leva la tête.

— Eh bien, en voilà une heure pour rentrer ! Est-ce qu’on ne devait pas dîner ensemble ce soir ?

— Oh, mon Dieu ! s’exclama Manship en se frappant le front. J’ai été coincé au bureau. J’ai complètement oublié.

— Et moi, je suis restée assise là comme une idiote, à me tourner les pouces jusqu’à neuf heures, quand Mr. Osgood est arrivé et a très gentiment accepté de prendre ta place.

Osgood souriait comme le chat du Cheshire, le visage enflammé par un abus de vin.

— C’était mon soir de chance apparemment, dit-il. Je passais juste te déposer le nouveau budget publicité quand cette pauvre Mrs. Chastain m’a appris que tu lui avais posé un lapin pour le dîner. Je m’apprêtais à me contenter d’une vieille salade de thon rance trouvée dans mon frigo, mais elle a eu la bonté de m’inviter à prendre ta place, espèce de grossier personnage ! Vu que je n’avais rien prévu, j’ai accepté sa proposition avec plaisir. Un verre de riesling, mon vieux ? Un Auslese 83. Du vrai miel !

— Je sais. Il vient de ma cave.

— Je dois dire que tu as très bon goût.

Il agita la bouteille à moitié vide devant Manship.

— Il reste des côtelettes, dit Maeve, et j’ai acheté des asperges au marché, mais tu ne les mérites pas.

En l’observant de plus près, elle fronça les sourcils d’un air inquiet.

— Viens donc t’asseoir, Mark. Tu m’as l’air mal en point.

Il s’avança d’un pas traînant et se laissa tomber sur une chaise entre eux deux.

Osgood lui versa un verre de vin.

— Maeve et moi étions en train de nous disputer au sujet…

— Non, nous discutions, Bill, rectifia-t-elle.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.